[4d]
4.
Ta main se pose. Je m’en souviens. Elle est d’emblée sur mon ventre, froide. Je frissonne. Tu la retires. Je la rattrape. Tu as cru que je la refusais. Ce n’était pas le cas ; c’était juste mon corps qui répliquait à la différence de température.
Tu ne dois pas avoir peur.
Viens. Colle ta peau sur la mienne. Tu aimes que l’on soit soudées, au risque de l’étouffement. Je ne crains rien ; tu es une plume. Viens. Viens sur moi. Appuie. Écrase-moi de tout ton poids. J’aime quand tu es là, même si ta peau est froide. Je la réchauffe. J’aime l’effet de ta pesanteur. Ton ventre épouse le mien. Ta tête fraie dans mon cou. Tes baisers cherchent mon oreille. Ils trouvent ma bouche. Ma langue ouvre tes lèvres. On s’emballe. [1f] Je fixe mes mains sur tes fesses. J’appuie. Nos ventres se marient de quelques millimètres de plus. J’écarte les cuisses. Nos pubis s’épatent. Nos clitoris se rencontrent, presque. On y croit. C’est bon.
C’est bon d’y croire.
C’est bon de jouir. On y va. Partir.
Non ! Je veux rester là, près de toi, toi sur moi, bientôt toi dans dans moi, ton doigt, tes doigts, ta main, tes mains. Et tes baisers. Ta langue, aussi, qui fouit dans ma bouche. Tes lèvres qui reviennent à mon cou. Viens. Entre. Prends. Fonds. Fends. Fonds-toi. Fends-moi. Imprègne. Éprouve. Viens ! Éprouve ton désir de moi jusqu’à ce que mon plaisir s’en ensuive et que l’amour s’écoule.
Non ! doucement. Attends encore un peu. Caresse-moi sans nous disjoindre. Reste là. J’ai besoin de ta force. J’ai besoin de ta chair qui s’imprègne, qui marque la mienne de son empreinte, qui comprime chaque pore de ma peau. Viens. J’ai besoin de te sentir encore, que ton désir s’inscrive dans le temps. Caresse-moi toujours. Là, partout où mon désir rôde. Viens, je suis à toi. Caresse-moi. Non ! pas les seins, s’il te plaît. Je n’aime pas ça. [4f]